Rio Gallegos, Portraits de famille



Résumé de l’épisode précédent
… Nous devenons philosophes et apprenons à relâcher un peu plans et prévisions.
L’avant-dernier jour, nous en sommes même venus à tirer au sort notre programme du lendemain. Pile on se barre, face on reste. Ce fut face, un grand jour de repos et de mise en ligne du blog s’est ouvert devant nous. Le lendemain, rebelote pile : El Calafate, face : Rio Gallegos, ce fut face. Nous sommes donc arrivés à Rio Gallegos le jour suivant, une surprise nous attendait…

À la descente du bus, Juan Carlos et Alejandra nous guettaient, incroyable !

Petit test pour ceux qui suivent :
Qui sont Juan-Carlos et Alejandra ?

Réponse A :
Nous les avons rencontrés par le CouchSurfing
Réponse B :
Nous les avons rencontrés dans un club échangiste de la Boca
Réponse C :
Nous avons les avons rencontrés face au lac à Bariloche
Réponse D :
Qu’est-ce qu’on gagne si on trouve ?
Réponse E :
Fin d’interdiction de stationner

Nous avons les noms de ceux qui ont choisi la réponse B.

Dans le bus vers Rio Gallegos, un couple de Français remontait vers Santiago. Ils devaient prendre l’Evangelistas mais le ferry, notre superbe ferry, plein de nos beaux souvenirs, était en panne pour quinze jours.
Leur Lonely Planet confirmait le peu d’intérêt touristique que présente Rio Gallegos et nous envisagions d’en repartir par le premier bus de nuit. Par ailleurs, ils nous soufflèrent l’idée de traverser la frontière chilienne bien au Sud de Bariloche, du côté de Los Antiguos /Chile Chico et de remonter par la Carretera Austral après avoir traversé le lac aux deux noms, un lac un peu schizophrène sur les bords. À suivre…
Nous n’avions aucune nouvelle de nos diverses demandes de CouchSurfing et la veille au soir, nous avions envoyé un e-mail resté sans réponse à Juan Carlos et Alejandra, leur annonçant notre passage…

Apartés
Nous avions retrouvé à Punta Arenas, notre rythme de couple de loups solitaire-s (face aux sens multiples du « s » ou du non « s », nous tranchons pour un tiret, Alfred raoumègue sur la lourdeur de l’aparté, bon, l’écriture à quatre mains, c’est un exercice en soi avec l’autre, ainsi en est-il, il faut savoir interrompre les apartés, plouf, fin lourdeur, jajaja, comme ils apostrophent ici.)

… Nous avions rencontré cette famille avec leur huit enfants, un mois plus tôt, à Villa Coihue à 12 km de Bariloche (prendre le bus n°20 à la sortie du terminal, changer au centre ville pour le n°50, descendre à la dernière station, remonter la piste par la gauche en descendant du bus, à 200 m, camping écologique CarieHue). Nous y avions échangé nos adresses, quelques promesses… et ils étaient là ! Nos anges ne chôment pas.


Portraits




La famille Silva habite dans un nouveau quartier de Rio Gallegos fait de petites maisons grises construites dans une morne plaine. L’environnement donne une impression de chantier pas fini, renforcée par le contrepoint de quelques habitations peintes de couleurs vives et de rares gazons qui tranchent sur la terre stérile. Chez nous, la construction des lotissements commence par les routes et les trottoirs, ici c’est le contraire et les rues sont plutôt des pistes. Les mêmes que dans les quartiers de yourtes d’Oulan-Baator. Décidément, y’a quelque chose…

Dès l’arrivée à la maison, les gamins nous sautent joyeusement dessus. Ils sont en vacances et nous constituons une attraction.
Nous étions un mardi soir et nous sommes restés une semaine. Une semaine pleine de tendresse, d’images et de cuisine. Nous confirmons, mises à part quelques carcasses de barcasses rouillées, une statue de San Martin et une mignonette église-cathédrale en bois, il y a peu à voir à Rio Gallegos. Si tu n’es pas né dans le coin, c’est à grands coups de pesos que tu y es venu. 






Ce n’est pas le cas de Juan Carlos, né à Rio Grande sur l’ïle de la Terre de Feu, encore plus au Sud… Ses parents étaient employés dans une estancia, son père comme cuisinier, sa mère comme femme à tout faire + élever les gosses + tenir la maison + j’en passe… À la séparation des parents, il suivra sa mère et ses 5 frères à Rio Gallegos, il a alors 5 ans. Il connaît la « yaute », il connaît la misère. « Maintenant, je ne me plains pas, nous vivons bien » déclare-t-il. Il cumule 3 boulots, elle cumule vente à domicile, ménage et éducation, un équilibre, un trio, un écho, somme toute. Juan Carlos est caméraman de cœur, l’image c’est son truc, la communication aussi, il connaît tous les faux semblants et rêve d’une information juste. Quand il trouve des associés, il monte un journal télévisé comme il lui plaît, même s’il ne doit être diffusé que quelques mois, même s’il est viré parce qu’il veut, rêve et réalise… Il continue à croire que c’est possible, qu’un jour politique et information ne seront point unies comme sœurs jumelles, qu’un jour l’information sera ouverte à tous, sans discrimination de classe, d’éducation, de talent et de flouze… Un beau rêveur qui a les pieds sur terre. 


Un pater familias du XXIème, savant mélange entre tradition et modernité. Il filme aussi les mariages, les baptêmes, les 15 ans des jeunes filles, très important les 15 ans, aussi glorieux qu’une Bar Mitzvah, c’est là que les filles deviennent femmes… Il suit les campagnes politiques et filme les gagnants du Bingo aussi bien que les sportifs du dimanche… Bref, il bosse comme un fou, il ne se plaint pas, il se souvient d’une époque où ce fut dur, très dur, alors…


Alejandra écoute, discrète et attentive, Alejandra n’est pas une idiote, Alejandra a l’œil qui brille et le sourire bien en place. Alejandra aurait bien eu juste trois enfants, surtout après deux fils à la santé déficiente et une fille magnifique au doux nom d’Alma. Mais voilà, la chirurgienne est affirmative : «  Madame, vous ne pouvez pas être enceinte, c’est moi qui vous ai ligaturé les trompes. » raconte-t-elle en riant tout en désignant Sol et Valentina, les deux dernières de la famille. Don Juan Carlos porte bien son nom. À 40 ans, il est père de 8 enfants avec deux femmes. 
Gabriel
Trois garçons avec la première, Marcos (19 ans) qui travaille avec lui comme caméraman-réalisateur, Mauricio entrevu à Carihue dont nous ne saurons pas grand chose, qui vit avec sa mère et Gabriel qui vit entre les deux, l’artiste de la famille. 


Manuel
Puis vient Manuel, l’aîné d’Alejandra, le mouton blond dans cette couvade brune. Né avec des soucis aux poumons et au foie, il rêve d’être professeur de danse et ça ne plaît pas à Juan Carlos, alors Alejandra défend son fils et la liberté d’être. 


Puis vient Christian, né à 6 mois, ça n’a pas pardonné. Christian est différent, Christian est comme un enfant de trois ans alors qu’il en a douze. À la fois intelligent et en retard, il est boule d’amour qui exige, il est parole qui clame l’amour, le donne et ne le donne pas. 


Christian




C’est tellement difficile d’élever un enfant comme lui qu’on ne peut que saluer l’harmonie qui règne dans ce foyer. 


Puis viennent les trois princesses : Alma, Sol et Valentina. Trois rayons de soleil, trois germes de femme, trois sœurs unies et différentes. Une tendre coquette, une inquiète maline comme un chat et une sacrée souris qui ronge ses 10 orteils comme Alfred ses 10 doigts de la main, tout un art.


Sol
Valentina
Alma
Alejandra vit et laisse vivre. Dans la maison pas très grande, c’est le bordel. Tous les jours, Alejandra range, tous les jours, ça recommence. Un peu gênés, nous n’avons pu qu’accepter leur chambre : «  Vous inquiétez pas, on en a deux en vacances, on a de la place en haut. ». « compartir », nous y voilà, vivre avec eux. Bonheur, tendresse, joie de vivre et d’échanger, vont nous accompagner pendant toute la semaine.

Après l’asado de bienvenue (voir la vidéo), Alfred cuisinera au feu de bois une paella carrée et une ronde en signe d’harmonie. Plus tard viendra l’asado de campo mais patience, nous en reparlerons…
Une fois de plus, nous changeons notre rythme de vie.
Chez les Silva, pendant les vacances, on se couche tard. Chacun mange ce qu’il trouve  à l’heure qui lui plaît, le seul vrai repas est servi le soir, rarement avant 22h30.
Nous nous calons doucement en petit déjeunant vers 9H30 puis en prenant le bus pour le centre ville. Pour une question de prix et de tranquillité, Juan-Carlos a décidé de ne pas s’abonner à Internet. Il y possède tout l’équipement nécessaire pour faire du montage mais se connecte dans les locaux de la société de production pour laquelle il travaille. Le Café Central, à la wifi bonne copine, nous offre des moments à part. Nous avons du retard dans la mise en ligne de notre blog et en profitons pour le combler. Il faut dire que le nombre de visites quotidiennes a explosé depuis que Mme Pancol nous a proposé de publier sur son site le dernier message que nous lui avons envoyé, en y joignant notre adresse. Nous n’en sommes pas peu fiers et, du coup, la barre monte.

Commentaires

Brigitte.S a dit…
superbe idée ce blog
magnifique photo
le glacier est impressionnant.
merci de partager un peu de votre aventure.
merci pour ce bel exemple
que vous nous transmettez
une louche de courage+ une pincée de joie de vivre, une autre de spontanéité, une autre d'un bel amour, qui rechauffe le coeur.
que les les etres de lumiéres continuent bien a vous accompagner

un grand bisou chaleureux à vous deux
Brigitte S
Merci Brigitte pour ce beau commentaire et merci à laurence de t'avoir passé le lien.
Plein de bises à vous deux

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