Thaï messages

27 novembre

Les aventures de Krabi Jacob

Tout ça s’est fait naturellement, sans y penser, sans réfléchir.

Ils étaient dans le même bus que nous en sortant de l’aéroport à 15h00. Lui nous a interpellés. Ils avaient un Lonely Planet en français, le nôtre était en anglais. 

Il nous a parlé d’une guest-house qu’il connaissait à 150 baths (4 €). Nous les avons suivis, avons découvert le Seed bar, ouvertement reggae, puis d’autres Français et puis la Chang, et puis, et puis, nous sommes couchés à 4H30, après moult bières et rhums Sang Som, non sans avoir chanté Syracuse à trois voix.



Sébastien, le fils putatif. Ce n'est pas Jo mais Virginie.
Entre nous, ici Thaïs et farangs fument comme des pompiers.
Je tiens bon !
Le ton de la Thaïlande était donné. La première semaine se déroulerait sous le signe de Sébastien et Johana, respectivement 23 et presque 20 ans, nos compagnons de route, que tout le monde prendra, lui pour notre fils et elle pour notre belle-fille.
Tous deux saisonniers dans la restauration, ils ont choisi de passer leurs cinq semaines de congés en Thaïlande.
Fort de son expérience de l’année précédente, doté d’un bagout, d’un enthousiasme, d’un sens du contact et de la négociation qui lui ouvrent bien des portes, Sébastien nous entraînera avec lui à Railay puis à Kho Jum où nous le suivrons avec plaisir.

Krabi, c’est la capitale du Sud, le point de départ pour les îles, les plages de rêve, Kho Phi Phi - prononcer Kopipi -, Maya Beach, Kho Lanta…, le sable doré et les eaux cristallines, d’un vert bien plus engageant que celles du canal du Midi.
Malgré les promesses ensoleillées des guides de voyage, la météo fait des siennes avec un temps couvert et des averses fréquentes. Nous décidons malgré tout une escapade en, comment dire, mini-bus ? taxi-brousse ? bref, un pick-up à ridelles avec deux bancs à l’arrière. Il en passe souvent, guettant les passagers potentiels, ils suivent des itinéraires définis. Direction Ao Nang.
(Un peu de Thaï : Kho = île, Ao = plage)

Ne sachant pas où descendre, nous nous retrouvons au bout de la ligne dans un site réputé pour ses fossiles, que nous ne visiterons pas, peu enclins que nous sommes à lâcher 200 baths chacun. 
Rêve d'animatrice !
Néanmoins, sur une centaine de mètres se côtoient des magasins de souvenirs qui proposent tous la même chose : colliers, bracelets, breloques, pendeloques, fabriqués avec des coquillages, de toutes les tailles, de toutes les formes. À notre grand soulagement, pas de rabattage, aucun racolage et ce, malgré la maigre fréquentation touristique.

Nous repartons vers Ao Nang, que je qualifierai comme étant la plage de Krabi, à une vingtaine de kilomètres d’icelle. C’est notre premier contact avec l’eau émeraude bordée de falaises vertigineuses typiques de cette partie du monde.
La saison n’a pas encore complètement démarré, les vacances scolaires dans l’hémisphère sud et en particulier en Australie et Nouvelle-Zélande ne débutent que dans quelques jours au 1er décembre.

Un alignement de stands de massage s’offre à nous, à vingt mètres de l’eau, sous l’ombre des palmiers. Ce sont de grandes huttes, propres, décorées avec soin, au toit tressé et ouvertes sur trois côtés. Chacune d’elles abrite une dizaine de matelas, posés sur un plancher.
Nous choisissons une masseuse souriante qui nous propose d’aller nous baigner avant notre massage. Elle nous apporte deux chaises afin d’y déposer nos affaires qu’elle surveillera. Au sortir de l’eau, deux tranches d’ananas frais nous attendent.
Je vis ce sens du service et du détail, plein de chaleur respectueuse, comme un baume apaisant. Il est la signature de rapports humains et commerciaux beaucoup plus à mon goût.
C’est donc bercé par le bruit des vague(lette)s et rafraîchi par une petite brise marine que j’ai vécu mon premier Thaï massage.

Précis, technique, profond et ferme, il est agrémenté d’une sensualité en filigrane lorsque la masseuse se met à genoux ou à califourchon sur moi. Sans atteindre la dureté des massages reçus à Ulaan Bator, l’expérience reste physique, mais la maestria de ma praticienne lui permet de doser la pression exercée sur mon corps, que ce soit avec les mains, les avant-bras, les coudes, les genoux ou bien les pieds.
Le soin se termine par la première séance de pédicure que je reçois de ma vie.
Un pur bonheur.
Après nos excès de la veille, nous nous sentons régénérés.
Catherine avait déjà choisi un massage à Krabi avec la même satisfaction et c’est d’un commun accord que nous décidons de renouveler quotidiennement cette expérience.
Nous inclurons des variantes avec les massages à l’huile ou à l’aloe vera, un peu plus doux, voire avec des tampons d’herbes bienfaisantes chauffés à la vapeur. Les techniques présentent quelques variantes suivant les lieux. Un jour, directement sur la plage, j’irai jusqu’à m’endormir sous la douceur des gestes, à la grande fierté de ma masseuse. D’autres n’hésiteront pas à me fouler aux pieds avec délicatesse, debout sur mon dos, mon bassin et mes jambes.
Les tarifs varient entre 200 et 350 baths, soit entre 5 et 8 euros pour une heure à une heure trente.

Détendus et revigorés, nous rentrons à Krabi. Le taxi/bus nous dépose près d’un marché aux airs de fête de village. Une scène voit défiler des chanteurs et danseurs amateurs, des tables et des chaises sont réparties au centre de la place. Elle est entourée de stands qui rivalisent de couleurs et de parfums alléchants. Des brochettes, des soupes, des nouilles mais également des desserts sont offerts à notre convoitise. Nous optons pour une sorte d’huîtres de mangrove qui précéderont un énorme maquereau grillé, accompagné de quelques nouilles agrémentées d’ingrédients multiples et savoureux.

En rentrant, nous croisons Virginie et Laurent, nos compagnons de soirée de la veille, avec lesquels nous chantâmes Syracuse. Un rapide échange sur nos parcours de vie avait montré une étonnante similitude entre mon chemin et celui de Laurent qui, après sept ans de banque, a passé sept ans au sein des Tambours du Bronx avant de se reconvertir dans l’accompagnement de groupes en montagne.
Je décide de leur offrir un exemplaire de mon bouquin.

Krabi, lieu stratégique, point de départ de nombreux bateaux et autres excursions n’offre à première vue pas d’autre intérêt que des prix moins élevés que sur les plages, pourtant, on y revient et on finit même par s’y attacher.

Depuis Kuala Lumpur, nous avions contacté par mail, Romain, petit cousin Tarnais de Catherine, rescapé du tsunami, qui vit et travaille à Kho Phi Phi. Dans sa réponse, il nous expliquait se trouver à Bangkok avant un séjour en Inde de deux semaines. Nous devons attendre son retour le 16 décembre pour le rencontrer.

29 novembre - 3 décembre

Railey David Song

Alf et les petits !
Dès lors, nous décidons, à leur grande joie, de suivre Sébastien et Johana à Railay
(ou Rayley, voire Ray Leh…). Proche d’Ao Nang mais accessible uniquement en bateau, cette presqu’île passe pour l’un des spots de varappe les plus fameux du monde.
Nous y voilà vraiment. Eau verte, éperons rocheux vertigineux couverts de végétation tropicale, plages dorées. Ma première impression, depuis le bateau, est d’arriver dans la carte postale du paradis terrestre. Sable fin, cocotiers, bananaz comme chantaient les Raoul Petite. L’impression sera confirmée à l’arrivée puisqu’il faut marcher sur l’eau pour atteindre la côte.

Catherine et Sébastien partent chercher une guest-house abordable pendant que je reste avec Johana pour garder les sacs.
Il faut dire que toute l’activité est tournée vers le tourisme. Bars, resorts, restaurants et boutiques nous accueillent en rangs serrés. Les catégories varient du pas trop cher à l’inabordable.
Notre choix se porte sur le Rapala Cabana, alignement de bungalows rustiques à flanc de colline, que l’on atteint par deux escaliers fort raides. Un matelas posé au sol, une moustiquaire, un ventilateur, une salle d’eau attenante et un petit balcon nous coûteront 300 baths par jour. Nous sommes chanceux car pour les nouveaux arrivants, les tarifs augmentent dès le lendemain de notre installation et passent à 500 baths. La haute saison commence…
Le Rapala Cabana propose également un service de restauration où la plupart des plats courants comme l’incontournable et succulent pad thaï sont au tarif unique de 60 bath (1,5€). Au bas des escaliers, les autres restaurants l’affichent à 90, voire 120.

Les paroles du "vieux" sage !
Le jour de mon arrivée à l’école de gendarmerie de Montluçon, un autocar nous conduisit de la gare à la caserne. Un vieux gendarme nous accompagnait.
Il arrêta le véhicule devant la grille, fit ouvrir la portière et s’adressa à nous, jeunes recrues qui piaffions d’impatience.
- Messieurs, nous dit-il, si vous franchissez ce portail, sachez que c’est votre liberté que vous vendez. Ceux qui veulent descendre peuvent encore le faire.
Il provoqua l’hilarité générale et quelques années me furent nécessaires pour comprendre à quel point il avait raison.
Plus tard, dans ma brigade tarnaise, un reportage me captiva, dans lequel j’appris que « Thaï » signifie «  Libre » et que Thaïlande signifie Le Pays des Hommes Libres.
Quelques temps après, j’eus ma première chienne que je baptisai Thaï, avec le désir qu’il y ait au moins un être de libre sous mon toit. Il s’agissait d’un cocker golden qui périt un jour de fugue, sous les roues de l’infirmière du village.
Au Rapala Cabana, la présence d’un vieux cocker golden, le seul que j’aie croisé depuis le début de notre voyage, vient réveiller ces vieux souvenirs, comme un clin d’œil du destin, confirmant que liberté et âge avancé sont compatibles.

View point
Railey présente plusieurs facettes. Railey East, là où nous débarquons, le côté mangrove, moins cliché, plutôt destiné aux routards désargentés, celui où nous nous installons. Il n’y a pas de plage à proprement parler.
Railay West, c’est la plage de sable blond, les resorts de luxe, les restaurants et boutiques chics. Il suffit pour l’atteindre de traverser à pied la presqu’île, ce qui prend cinq minutes.

Au bout de la plage, on peut, à marée basse, contourner les rochers et atteindre  Ton Sai, paradis des grimpeurs. Logements et nourriture y sont abordables. Nous avons même trouvé, à limite de la jungle la plus éloignée de la plage, un bungalow à 100 baths la nuit, sans électricité ni salle d’eau mais moustiques à volonté.
La presqu’île est très escarpée. Les bords de plage, seulement accessibles par la mer, sont entourés de falaises qui renvoient le bruit quasi incessant des moteurs de longtails, ce qui n’est pas sans évoquer par moments, la charge des hélicoptères dans Apocalypse Now, Wagner en moins.

En regardant un plan, nous découvrons, le dernier jour, l’existence d’un « Point de Vue » et d’un « lagon », tous deux perchés sur un éperon rocheux.
Nous voilà donc partis, appareil photo au poing, accompagnés de Kim et Mélanie deux sœurs québécoises, blondes et mignonnes comme des cœurs, leur copain Kevin et Sandra, toulousaine d’adoption, tous pensionnaires du Rapala. Nous ne pouvons nous empêcher de penser qu’Antoine pourrait être à notre place s’il avait fait d’autres choix de vie. Nous avons croisé bien des filles célibataires, jolies et sympathiques depuis notre départ… Alors je le dis bien haut : D’jeuns de tous les pays qui nous lisez, n’hésitez pas, sortez de chez vous, bougez, voyagez, le monde vous appartient !

La plage cachée
Mais revenons à nos lagons. Je crois avoir déjà expliqué les facéties de la météo locale, généreuse en averses, il vous suffit donc d’imaginer un sentier de chèvres, rocheux et glissant, frisant l’à-pic par endroits, équipé d’une corde suivant les sections et qui part à l’assaut de la jungle. Vous aurez alors une image assez juste de ce qui nous attend. Catherine escalade quelques mètres, croisant ceux qui en reviennent couverts de boue et déclare forfait, en proie au vertige. J’irai jusqu’au « View Point » et renoncerai au lagon. Il est des risques gratuits qui paraissent inutiles passé un certain âge. Malgré tout, je constate avec satisfaction que mon corps répond mieux après les massages, ce qui est encourageant.

La bonne surprise vient de la quatrième plage que Catherine découvre pendant que je joue les Frison-Roche des tropiques.

Des singes crabiers viennent y grappiller un peu de nourriture, les falaises ont les pieds dans l’eau la plus claire que nous ayons vue jusqu’ici et proposent des douches naturelles alimentées par l’eau de ruissellement.

Une grotte peu profonde et haute comme une cathédrale abrite un autel dédié à un culte étrange et pénétrant, puisqu’il est littéralement couvert de pénis. De toutes les tailles, de toutes les formes, de toutes les couleurs ; décorés, sculptés, avec des collerettes, des colliers de fleurs, modestes ou fantasmagoriques, des zobs, des chibres, des mandrins et, régulièrement, des hommes et des femmes qui viennent  s’y recueillir en déposant une offrande. Le gardien des lieux est un oiseau bleu de la taille d’un merle, premier bénéficiaire de la nourriture déposée.

Quoi qu’il en soit, le nombre important de femmes enceintes que je croise dans ce pays semble attester de l’efficacité du culte de la Grotte de la Sainte Bite de Railey.

Sur la plage, deux longtails équipés d’une petite cuisine proposent des jus de fruits, des plats cuisinés et des grillades. C’est sans conteste à nos yeux l’endroit le plus sympathique de la presqu’île.

Après quelques jours de farniente, il est temps de partir.

Commentaires

Armand a dit…
Un troupeau de moutons ne peut se déplacer qu'à la vitesse du mouton le plus lent.
Quand le troupeau est pourchassé, ce sont les plus lents et les plus faibles qui sont attaqués en premier.
Cette sanction naturelle est bonne pour le troupeau en général, parce que la vitesse du troupeau augmente à mesure que les plus lents et les plus faibles sont éliminés
De la même façon, le cerveau humain ne peut fonctionner plus vite que ses cellules les plus lentes.
Comme on le sait aujourd'hui, la consommation d'alcool détruit les cellules du cerveau.
Naturellement ce sont les cellules les plus lentes et les plus faibles qui sont détruites en premier.
On peut donc en déduire que la consommation d'alcool élimine les cellules les plus faibles, rendant ainsi notre cerveau de plus en plus performant..
Ce qui explique pourquoi on se sent toujours un peu plus intelligent après 4 ou 5 apéros.
Vive la Thaïlande.
Armand

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