Don Diogo de Bahia,


Résumé des épisodes précédents 

On commence par l’Inde, après on va en Thaïlande, on saute en Amérique du Sud, Argentine, Chili et on rentre. Pas mal comme programme pour 9 mois off.
- J’aimerais bien aller voir Keleu et Sophie au Brésil
- Attends, c’est super cher le Brésil, presque autant que l’Europe !
- Ouais, mais c’est con d’être aussi près et de ne pas y aller.
- Bon, on verra…
- Moi, j’aimerais bien aussi qu’on se pose un peu de temps en temps. Un endroit où on se sentirait bien tous les deux, qu’on louerait pour quinze jours, au bord de l’océan, avec la wifi, pour pouvoir écrire.
- Je suis d’accord, peut-être au Chili ?
Cinq mois après, nous étions encore en plein marathon.
Un jour, au fin fond de la Patagonie, Skype a sonné, porteur de la nouvelle : Sophie nous proposait de nous occuper de sa pousada pendant les deux mois où elle rentrait en Europe.
-      Pousada, pousada, vous avez dit pousada mais c’est quoi une pousada ?
-      Ben, c’est comme saudade, le portugais a des mots que le français peine à traduire… Google traduc, mon grand accompagnateur en écriture m’annonce : Inn (c’est chouette, non !), auberge (ah tiens ! j’y pense peu à cette option), hôtel (façon bungalows, genre indonésien). 24 lits, petit-déjeuner compris (café da manha, c’est beau, ça sonne bien, non ?)
La recette du voyage a évolué pour s’agrémenter au fil du temps d’une lichette de Malaisie, deux doigts de Bolivie, une pincée de Pérou. Un petit tiers de Brésil s’annonçait pour modifier la consistance.
  
Pendant ce temps, nos deux héros
- Catherine, tu parles brésilien, tu pourras répondre au téléphone et aux mails, pour le reste, Mada et Domingo connaissent leur boulot et puis Keleu sera là avant de me rejoindre à Bruxelles le 2 mai. Vous aurez juste un peu d’accueil et de conversation à assurer, un peu de compta, quelques factures et deux-trois trucs. Ne vous inquiétez pas, c’est la basse saison, il n’y aura pas grand monde, sauf pour le week-end de Pâques. En plus, vous aurez tout le temps pour écrire dans mon petit paradis. Réfléchissez, puis quand c’est dit, c’est dit.
- On réfléchit, on te rappelle, répondîmes-nous dans un chilien accord.

Comme quoi, y’a qu’à demander et attendre ! Deux mois nourris-logés au Brésil, au bord de l’océan, Catherine connaît déjà le lieu et la proposition arrive au moment du voyage où nous ressentons le besoin de souffler. Elle est pas belle la vie ?
La Bolivie et le Pérou, avec leur altitude, la dureté de leur climat et malgré leurs paysages écrasants de beauté sauvage nous ont préparés et même conditionnés à appeler de nos vœux les douceurs océanes et le farniente tropical. Il y a eu également l’irremplaçable ferment qu’a été la lecture de La valse lente des tortues, livrée par porteur à Arequipa et immédiatement suivie des Ecureuils de Central Park sont tristes le lundi qui nous attendaient chez Sophie, déposés là comme un signe du Ciel par un touriste inspiré.

Et puis la pousada
Cinq bâtiments aux murs couleur abricot, à la structure en bois, à la toiture claire, disséminés dans la verdure, sous les manguiers qui le disputent aux cocotiers. Huit chambres aux noms évocateurs : Egipto, Zanzibar, India , Etiopia, Dubai, Marocco, Brasil, Kenia, décorées avec goût, un hamac sur la terrasse, un bar sous un toit de tuiles, des tables rustiques où sont servis de plantureux petits déjeuners, la rivière qui serpente en contre bas où l’on peut se baigner avant de marcher jusqu’à l’océan qu’on entend derrière les dunes de sable blanc et une plage infinie que depuis toujours les tortues ont choisie pour y creuser leur nid, au pied des cocotiers.

Nous sommes à Diogo, près de Praia do Forte, 70 km au Nord de Salvador de Bahia. Là : www.toocoolnabahia.com.br, y’a pire, hein ?
Nous sommes arrivés le 23 mars. Nous logerons dans une cabane en retrait. Un lit, une moustiquaire, un ventilateur, un toit en palmes, pas besoin de plus, à moins que, peut-être, un lance-flammes contre ces MN>|D de moustiques !
Nous prenons doucement nos marques. Sophie a eu quelques expériences décevantes avec les personnes auxquelles elle a précédemment confié son bébé. Catherine est un peu échaudée vis-à-vis de cette amie de 25 ans qui sait donner des ordres secs. Sophie est encore sur le speed et la fatigue d’après carnaval et nous sommes sur notre rythme de voyage en liberté. Chacun met un peu d’huile dans les rouages, nous nous installons et elle part le 2 avril, son portable sous le bras, avec Skype et Internet. Pas besoin de couper le cordon.
Nous voici donc aubergistes tropicaux, avec Mada, l’infatigable gouvernante et Keleu, le jeune compagnon brésilien de Sophie qui doit la rejoindre début mai et qui est en charge de l’entretien pendant que Domingo le régisseur est en vacances.

De gauche à droite, Marcella, Keleu, Mada, Fabiana et Alfred
la fine équipe est en place pour la paella brésilienne
Tout est en place pour une immersion dans notre prison dorée ? Tour d’ivoire ? Hermitage tropical, oui, ce terme convient bien.
Keleu répète tous les jours avec ses frangins. Ils ont monté un groupe de reggae-rock qui s’appelle Nectar. Nous devons être là tous les jours pour assurer la permanence à partir de 16h30, heure à laquelle Mada quitte son service. Pas question de fermer la pousada et de la laisser sans surveillance, surtout que quelques attaques violentes et dramatiques ont été perpétrées récemment dans le coin.

Entrée en matière

Domingo, tranquille à 20 m de haut !
Diaz, le masseur aux mains en or, ami de Sophie a été séquestré chez lui pendant deux heures, revolver sur la tempe et complètement dépouillé quelques jours auparavant. Tout le monde est traumatisé. Surtout que d’autres attaques ont eu lieu après, sans que les forces de l’ordre réagissent comme la population l’aurait souhaité. Nous devons tenir le portail fermé et rester attentifs. Heureusement, Djuna la brave berger allemand fait bonne garde lorsqu’elle n’est pas occupée à jouer les nounous de Doucho, le jeune labrador noir orphelin, encore fou-fou mais si touchant de connerie.

La main du masseur dans la gamelle
de feijão, voici Diaz.
Nous rencontrons Marcella, la copine italienne qui travaille à Salvador et revient le week-end dans sa maison de Diogo et Fabiana l’argentine qui met la dernière main aux travaux de sa résidence à deux pas de la pousada. Elles sont devenues fans de la kinésio, m’amènent leurs amis en séance et sont en train de m’organiser un stage d’initiation pour le 21 mai. Diaz est également devenu addict et nous bénéficions de ses magnifiques massages en échange.
Me voici donc intronisé le « Sauveur » de Salvador, le Zorro de Diogo, bref le Don Diogo de la Pousada.
Saloperie de moustiques !
Et le temps nous file entre les doigts.
Déjà, Keleu est parti rejoindre sa Dulcinée. Le mois de mai est bien entamé. Après le rush pascal, la pousada somnole. Quelques clients passent de temps à autre. Quelques couples illégitimes, quelques belles rencontres, quelques mauvais coucheurs, … Nous apprenons les joies de l’accueil. Une répétition peut-être ? Chuutt…

Encore des mots, rien que des mots, toujours des mots…
Mais que faites-vous de vos journées ? nous direz vous.
Hé bien, lorsque les petits-déjeuners ont été servis, que nous avons accompli nos tâches quotidiennes pour soulager Mada, participé à l’entretien et pour Catherine : gérer la paperasse, réceptionner, trier et répondre aux mails de Sophie, lorsque tout se remet à ronronner, nous ouvrons les ordis et enfin écrivons. Mais plus vraiment pour le blog, comme certains ont pu le constater. Rien ne nous pousse à sortir, même si la porte est ouverte. Catherine remanie son jeu, l’étoffe et peaufine les personnages d’une histoire en gestation et j’ai repris mon début de roman avec l’aide involontaire de Ma’ame Pancol dont la trilogie et les conseils qu’elle y donne (les mêmes que tant de fois Catherine, la mienne, m’a déjà prodigués) ont servi de dégrippant au robinet qui s’était rouillé. Dès lors, ça coule, parfois dru, parfois au goutte-à-goutte mais l’histoire est là, les personnages prennent leurs aises. Outre l’attention aimante de Catherine, comme Pinocchio, ils réclament la vie et ils ont bénéficié du coup de baguette magique de leur marraine Katherine. Ils réclament une présence constante parce que c’est fragile à cet âge là. Plus de 50 pages palpitent dans l’ordi. C’est peu et énorme à la fois. 
D’ailleurs, ils m’appellent, je dois vous quitter…

Écriture à 4 paluches, hé oui Chantal, ça embrouille mais 
nous commençons à obtenir quelques résultats sans nous étriper.









Spécial dédicace à Yannick…
On en parlait, on l'a fait







Commentaires

Yves a dit…
Ah génial !! Un vrai bonheur de vous lire. J'ai assaisonné ce moment au son de chansons romantique Cubaine interprétées par le roi Cole. C'était parfait.

Quizas, quizas, quizas ...
Armand a dit…
eh ben, voila un repos bien mérité, finalement je vous imagine bien en gardien du temple NO BAHIA POUSADA, j'ai un petit texte pour vous deux.
Je me promenais dans l’allée principale, les âmes me rappelaient que je n’étais pas seul, je tourne avenue Dupuis, Colette
n’est pas loin, chemin Maison, direction Jim Morrison, une halte face au poète maudit, attendrissant comme le bonhomme.
Je file vers le rond point casimir, Champollion n’est pas loin, cela me rappelle l’Egypte et toute ses visites au Louvre.
Je me perds chemin du dragon, je croise le chemin Molière et Lafontaine, allons voir Scapin, Tartuffe, corbeau, renard.
Je continu mon périple, a ma droite Mouloudji, c’est bien Ménilmontant n’est pas loin, allée transversale, je file tout droit.
Edith est au bout du chemin, mais ou sont les piaffes, quelques roses, la vie en rose, l’hymne a l’amour.
Je rentre, leurs âmes gravite en haut de l’affiche, ils ont réveillées la langue durant leurs vies.
Vous voyez, je rentrais de Lille, je me suis arrêté à la capitale et j'ai trouvé un court repos dans un endroit plutôt insolite, que tu reconnaitra Catherine.
Cela m'a fait penser a vous, toutes ces personnes écrivaient, et partageaient leurs passions, avec beaucoup de talent, tout comme vous.
je vous embrasse
Armand
Ouf ! C'est corrigé. Merci aux gentils lecteurs attentifs de nous l'avoir signalé. Là où par inadvertance nous avions écrit "nous sommes arrivés le 23 mai" vous pourrez dorénavant lire "nous sommes arrivés le 23 mars", ce qui rend le message beaucoup moins ésotérique. Ce beau voyage ne nous a pas encore apporté le secret du voyage dans le temps.
Bises
Yannick a dit…
Merci pour la dédicace
Je rajouterai : nous en parlerons et nous le ferons....
Biz à vous 2

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