épisode 1 Bangalore - Hampi - Agonda

20/10/2010
Le HAMPI Express vient de démarrer avec quelques minutes de retard. Il est 21H06.
Nous sommes installés dans les couchettes du haut d’un compartiment “sleeper”.
Deux énormes ventilateurs brassent l’air aux relents prononcés d’urine. La réservation de Catherine a fonctionné sans problème mais, pas de bol, nous sommes à côté des gogues…
Nous quittons Bangalore, ville de transition entre l’occident et l’Inde.
Nous nous sommes reposés, nous avons surfé sur le net, parlé à Jean-Didier par Skype.
Nous avons visité le quartier des magasins branchés, nous avons expérimenté les rickshaws, la nourriture des gargotes et d’un bon restaurant de 60 à 540 roupies pour deux, soit de 1 à 10€ pour deux.
Nous prenons doucement pied dans le voyage.
Les Hindous sont souriants, aimables, serviables, même s’il font uniquement ce qu’ils ont décidé. Ils sont beaux, curieux et leurs femmes très jolies.
Ici, il n’y a pas plus de mendiants qu’ailleurs. Pas vu une seule vache en ville, seulement des chiens ensommeillés.
Nous avons visité Liberty Park, l’ancienne prison transformée en espace vert et culturel. Ça fait encore froid dans le dos…
Nous sommes allés au cinéma en attendant le train. 3H00 de film entre comédie musicale et film d’action avec bastons et effets spéciaux.
Je crois malgré tout que ce qui m’a le plus marqué, c’est un arbre qui m’a dit “bonjour” - rien de plus - Je suis resté aussi surpris qu’émerveillé. Nous sommes retournés le voir mais il ne m’a rien dit de plus.
Selon Catherine, il était content d’avoir été entendu mais il s’ennuie dans cette ville polluée.
Nous avons traversé une manifestation du PC indien avec moult drapeaux rouges à marteau et faucille. Beaucoup de femmes venant des quatre coins du pays y assistaient dans un chatoiement de saris multicolores. Un vrai plaisir des yeux.
La dernière aventure a été de laisser nos sacs à la consigne de la gare. N’ayant pas encore adopté les méthodes de resquilleurs des autochtones, chaque opération nous prend un certain temps… heureusement, il y a toujours une bonne âme pour nous aider.
Quoi qu’il en soit, je rends grâces pour la fluidité de nos différentes démarches.
À priori, l’expérience hindoue va continuer pour nous.





HAMPI
Gare d’Hospet, 7H30 notre humeur ronchonne est aggravée par l’assaut des ricshawmen aux tarifs fantaisistes. Nous nous replions sur le premier boui-boui qui propose du thé et des dosan facturés à prix d’or (50 rs).
Nous faisons équipe avec un japonais solitaire pour partager le prix du voyage vers Hampi.
Une dizaine de kilomètres négociés à 60 rs pour nous trois, sacs inclus.
Nous allons jusqu’à la rivière qui coule en contrebas, décidés, dans un premier temps, à traverser pour nous installer dans l’une des guest house de la rive opposée.
Les passeurs sont de l’autre côté et tardent à revenir. Nous sommes l’objet de toutes les sollicitations, jusqu’à nous faire dédaigner le bain de l’éléphant.
Plan B : Objectif, le Garden Paradise, à l’autre bout du village. Un havre où nous est proposé un bungalow avec un grand lit, une moustiquaire, électricité, douche et toilettes s’il vous plaît, pour 300 rs la journée.
Une fois installés, un grand appentis recouvert de feuilles de palmiers et garni de tables basses bordées de matelas au sol nous accueille pour un thé, une collation ou même un repas, servis à toute heure.

La vue sur la rivière est superbe et nous donne un premier aperçu de l’univers minéral qui nous entoure.
L’appel du lit est malgré tout le plus fort.


Hampi me rappelle un village fantôme du Nevada que nous avions visité il y a quelques années. Une grand’rue centrale bordée d’échoppes, restaurants, cyber-cafés et autres loueurs de deux roues. Le sport national, à tous âges, est de vous faire dégainer votre porte-monnaie.






Hampi, c’est surtout le centre d’un incroyable décor géologique parsemé d’une infinité de temples érigés par une civilisation disparue au 16eme siècle (je crois…).
La matière première est le granit. D’énormes blocs ont été découpés, semble-t-il suivant des pointillés creusés dans le rocher. Dalles et piliers sont assemblés un peu comme des kaplas et l’ensemble est orné de bas reliefs figurant des divinités, des animaux ou bien des scènes de la vie quotidienne.
Certains alignements évoquent un système d’irrigation long parfois de plusieurs centaines de mètres. D’autres, parfois, sont éparpillés au sol, formant au choix, des temples en kit ou bien des temples puzzles.

Tous ces temples me laissent spirituellement froid, l’immensité de l’œuvre force néanmoins le respect, surtout dans le cadre grandiose de ces collines de rochers polis par l’érosion. Cette région incroyable aurait inspiré Kipling, ou tout du moins les studios Disney, pour le Livre de la Jungle. Singes, ours, serpents et panthères peupleraient les lieux.





Refusant les ricshaws, nous choisissons de rajeunir en louant une mobylette biplace. Après quelques kilomètres de prise en main, nous apprécions ce moyen de transport pratique et peu cher (150 rs/jour + 75 rs le litre de mélange). Heureusement, Catherine est là pour me rappeler de rouler à gauche.
La prochaine fois, je tenterai la Honda “Hero” et ses 100cc, avant d’oser la Royal Enfield.
Au village d’à côté, nous déjeunons dans une gargote tenue par une maîtresse femme qui nous sert du riz sur une feuille de bananier, accompagné d’une sauce locale et d’un beignet évoquant le falafel. Un délice pour la moitié du prix d’Hampi.

Enfourchant notre mob, nous repartons vers de nouveaux temples, profitant du vent de la vitesse - entre 20 et 30 km/h avec une pointe à 40 - pour nous rafraîchir du soleil qui plombe. Il faut éviter les poules, moutons, chèvres, cochons, chiens, vaches, chevaux et buffles et surtout les bus, 4x4 et ricshaws. Le klaxon est roi en terme de prévention.
Le dernier temple de la journée réserve une belle surprise à Catherine qui trouve sur l’un des multiples piliers, un bas relief figurant un ennéagramme.




Au bord de la rivière parcourue par de petites embarcations rondes manœuvrées à la rame, un panneau rappelle “beware of crocodiles”. Ils sont à rajouter aux ours qui, semble-t-il, peuplent la campagne environnante ainsi qu’aux cobras, autres habitants des lieux. La faune est riche, il y a beaucoup d’oiseaux et notamment des hirondelles - en octobre-, même si  à mes yeux les plus grands nuisibles restent les moustiques. Ici plus qu’ailleurs ils sont “hampitoyables”.















25/10/2010
Dans le train HOSPET - GOA
L’immense plaine couverte de rizières et de champs de cannes à sucre a laissé la place à une chaîne de montagnes aux versants dévorés par la jungle.
Notre train paresse entre falaises et à-pics.
Chaque tunnel est salué par des cris et des sifflets.
Nous sommeillons sur les banquettes de notre voiture “sleeper”. Une famille d’Hindous a partagé son riz avec nous et j’ai offert un ballon de baudruche à l’enfant.
Tout se passe avec des sourires.
Il fait chaud et humide, notre flemme est encouragée par les bercements du train qui baguenaude.
Régulièrement nous sont proposés à grands cris, du thé, du café, de l’eau, des sodas ou bien des nourritures plus exotiques.
Curieusement, je me fais à ce rythme nonchalant.
Une averse vient créer de l’animation. Margao devrait s’approcher et les intestins de Catherine commencent à faire des leurs.

Le train prend son temps. Il était à l’heure à Hospet, qui sait à quelle heure nous arriverons…
La plaine occidentale est recouverte par une jungle épaisse. Le long de la voie, des bâtiments délabrés, vestiges d’une époque économique plus glorieuse, témoignent de la férocité de la nature et du côté dérisoire des constructions humaines.
À travers les arbres, on aperçoit ce qui a dû être une maison coloniale entourée de coursives. Au bord de la voie, deux caveaux aux pierres tombales orientées vers les voyageurs tentent de préserver le souvenir d’une époque révolue.
Peu à peu, la végétation s’éclaircit, des champs, des prés, des coqueraies signalent une présence humaine plus conquérante.



Notre train semble sentir l’écurie et file à pleine vitesse vers l'Ouest et l’océan.
Nous arriverons pourtant avec deux heures de retard et juste à temps pour sauter dans la correspondance qui nous amènera à Canacona d’où, faute de concurrence, un rickshaw nous extorquera 150 rs pour nous conduire à Agonda Beach, terme d’un périple de 12h00 pour 320 km.



26-27/10/2010
AGONDA BEACH
Là, je dis arrêt 

Décidément, les longs déplacements jouent sur notre humeur. La fatigue nous rend irascibles et méfiants.
Agonda beach, choisie pour son côté moins couru, nous apparaît d’abord comme un cul de sac peu attirant. De vieilles maisons plus ou moins entretenues alternent avec des constructions plus précaires. La saison n’a pas encore vraiment commencé et le front de mer voit pousser les bungalows. Tout doit être construit ou réhabilité d’ici un mois.


La grande plage relativement propre est le domaine quasi exclusif des chiens flemmards et des vaches. Au nord de la baie, quelques barques de pêcheurs reposent sur le sable.








Nous découvrirons plus tard qu’une rivière s’y jette dans l’océan et que l’estuaire abrite un petit port. Des femmes y font sécher du poisson et des piments, d’autres proposent à la vente le produit de la pêche des hommes.









La ballade sur l’unique rue dont le centre est déterminé par une grande église de style portugais - comme il se doit - nous rappelle que nous somme toujours en Inde par l’aspect crasseux et peu entretenu de la plupart des parcelles.








Notre lodge fait figure d’îlot de verdure propre, balayé, soigné.
Mes vieux démons de l'épargne viennent s'associer à mes envies de luxe pour créer la perturbation dans mon moral jusqu'alors inoxydable. Je dois y rajouter une fréquentation assidue des toilettes, combattue à grands coups de coca et de riz blanc.
Cerise sur le curry, une noria incessante de femmes qui transportent du sable sur leur tête depuis la plage jusqu'à notre porte pour agrémenter nos déplacements…
















Une nouvelle promenade agrémentée de baignades me fait du bien. J'en profite pour prendre quelques photos, notamment d'un arbre aux drôles de fruits : des roussettes de bien 70 cm d'envergure !








Demain, départ pour Old Goa à 46 km au Nord.
Retour à la ville.
L'aventure continue 











Commentaires

SolennHamon a dit…
Quel plaisir de retrouver l'Inde à travers vos récits. Margao, les 320km en 12h, contrastes et paradoxes des plus extrêmes ré-unis là, en un même espace-temps, devant des yeux si souvent émerveillés, tès souvent interpelés, sans cesse interrogés... Merci pour ce partage et bonne route.
Solenn Hamon
Unknown a dit…
merci du dépaysement et la suite ... la suite ...pensez à nos gris w end de novembre... que la lecture d'épisodes croustillants de vos aventures éclairerait à coup sur . Bon après je comprends qu'il faut le temps de les vivre les aventures ensuite de les écrire et que c'est plus long que de les lire . Mais bon ça fait un moment ...
bisousss Laurence
Que de dépaysement à vous lire. MAgnifiques photos qui donnent envie de sauter le pas et de partir à l'aventure loin de tout.
Continuer à nous faire réver
à bientôt

christel et cyril

bisoussss

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