Quotidien III



Entendre parler de quotidien m'évoque des images de journaux, de ceux qui, comme leur nom l’indique, sortent tous les jours, invariablement et aussi de ceux que tous les matins j’écoute à la radio dans ma salle d’eau.
Ce quotidien-là, nous l’avons fièrement quitté durant neuf mois. Pas de journal, sauf parfois pour en admirer la typographie exotique. Pas de radio, pas de télé sauf exception dûment choisie et programmée.
Le quotidien ne la ramenait pas, battu en brèche par un mouvement toujours différent. Nous exultions, vainqueurs et sûrs de notre capacité à le maîtriser, à lui imposer la loi du plus fort, c’est à dire la nôtre.
Il a bien eu quelques soubresauts, quelques velléités de s’installer en ces rares occasions où nous avons posé nos sacs un peu plus longtemps et nous, magnanimes, l’avons laissé faire, sachant un nouveau départ programmé.
Neuf mois durant lesquels toutes les journées sont différentes, neuf mois passés à utiliser au mieux notre temps, neuf mois et le désir de faire de chaque jour une création nouvelle ; le quotidien n’avait aucune chance, beau joueur, il a capitulé.
Nous sommes rentrés, sûrs de notre victoire. Le débourrage s’était bien passé, nous tenions fermement les rênes, les pieds biens calés dans les étriers et le cul au fond de la selle, le quotidien nous obéissait au doigt et à l’œil.
C’est au moment où nous avons relâché l’attention, un peu las, sans doute, de ce long travail de dressage, qu’il a senti l’écurie. Totalement sourd à nos ordres, indifférent à nos coups d’éperons, il est rentré dare-dare dans son box, a repris ses habitudes et réclamé sa ration comme si rien ne s’était passé.
Totalement désarçonnés, seule notre expérience nous a évité de mordre la poussière. Accrochés au pommeau, secoués comme des pruniers, nous avons laissé passer l’orage en nous félicitant malgré tout d’avoir acquis les réflexes qui nous ont évité la chute.
La gestion du quotidien demande du doigté et manifestement il a besoin d’une place dans notre vie. Il est capable de s’adapter s’il se sent considéré mais vouloir le snober, l’ignorer ou bien le croire mort, c’est bien mal le connaître, c’est même le renforcer.
Peut-être, comme nous tous, a-t-il besoin de respect et de reconnaissance pour se mettre au service de bien plus grand que lui ?

Commentaires

Marraine Céline a dit…
Bonjour, Pourquoi vouloir échapper "au quotidien" ? Est-il "l'ennemi" ? Où que l'on soit, n'y a-t-il pas le quotidien ? J'entends plutôt que c'est la routine, une suite d'actes renouvelés chaque jour sans conscience que vous redoutez ; à la fois, tous les matins, où que l'on soit, le jour se lève, + ou - libre à chacun où qu'il soit d'utiliser le temps comme il peut / veut... Voir le jour se lever, ça signifie aussi être en vie, de là à se sentir vivant... tout un chemin, non :-?

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