À la recherche de l’étoile cachée



Arica, la ville de l’éternel printemps


Située à l’extrême nord du Chili, il n’y ferait jamais moins de 15° et jamais plus de 27°. Arica, une ville improbable qui s’enorgueillit de croître et embellir au milieu d’un désert redoutable. Ici on t’annonce avec le sourire qu’il n’est pas tombé une goutte d’eau pendant plus de 14 ans. Ici l’océan flirte avec le désert sans qu’aucun ne cède une once de son pouvoir. Le désert joue les maîtres absolus, l’océan déploie sa houle pacifique avec force et passion et 200000 hommes vivent là, dans cette ville symbole où Pérou, Bolivie et Chili se sont étripés au XIXème siècle.





Le Chili a gagné, un immense drapeau bleu étoilé, blanc, rouge claque avec arrogance sur la falaise, quelques canons soulignent l’ampleur du haut fait d’armes et un Christ rédempteur bénit le tout. Arica est dorénavant chilienne après avoir été péruvienne, sans jamais passer par la case bolivienne. Adieu accès maritime pour le haut pays andin. Peut-être qu’un jour toutes ces frontières si peu utiles et justifiées s’effaceront au profit d’une libre circulation, je n’ose pas dire à l’européenne, tant le modèle me semble peu réussi mais d’autres alternatives doivent pouvoir exister.





Bleu ciel

Ici le ciel déploie un bleu parfait, presque lassant. Au bout d’une semaine, à la question matinale « Quel temps fait-il aujourd’hui ? », nous frisons l’ennui en répondant comme hier. Le tenancier rajoute goguenard : « Et probablement comme demain… ». Mais nous ne boudons pas notre plaisir et gambadons avec vigueur dans la ville. Adieu souffle court, tête lourde, même notre diarrhée guérit vite à « grandes plâtrées » de fruits de mer géants et de poissons. Parce qu’ici côté bouffe, on s’est vraiment régalé. Nous nous iodons, marchons d’un bon pas, saluant les pélicans en passant. Quand la paresse nous prend, nous nous posons sur un banc, appréciant sans jamais nous lasser le petit air marin. 





Loups de mer et mouettes viennent ravir nos mirettes. Y'a pas, on pète la forme et c’est bon. Les globules rouges ont repris leur rythme de croisière, la rate reprend de la terre, le foie en ce temps printanier s'apaise et calme ses colères, quant aux intestins, leur capacité à l'auto-guérison fulgurante me ravit. Le grêle reprend joie sous le soleil et le gros roucoule de densité retrouvée.
Il flotte paradoxalement quelque chose de facile dans cette grande ville construite sur tant d’ingratitude. Les gens sont nonchalants, souriants, calmes et accueillants. 


Ici pas de hordes touristiques même si Sieur Gustave Eiffel lui-même a laissé sa patte sur la cathédrale et la douane afin que continuent à survivre, unis, le sabre et le goupillon.
Malgré sa réputation de station balnéaire, Arica reste avant tout une zone franche où marchandises en tout genre et surtout made in China, s’échangent dans une multitude d’échoppes regroupées en divers marchés un peu partout dans la ville.






Au jeu de la roulette chilienne

Alfred a pété une roulette de son sac à la Quiaca (frontière Argentine Bolivie). Je profite de l’aparté pour préciser que nos envolées acrimonieuses sur les Argentins ne sont que le reflet d’un état d’esprit du moment et non pas un jugement expéditif sur le peuple argentin aussi divers que varié, comme l’Inde, ses habitants et ses gurus, d’ailleurs ! Faut pas confondre les étoiles filantes avec les satellites !
C’est ainsi que de quincailleries en cordonniers, nous trouverons roulettes et réparateur. Alfred circule maintenant sur 4 roulettes bien solides et joue de l’index pour faire avancer son baluchon, la classe !

Ici est né l’enné. Ésotérique, non ?

Arica, c’est aussi la ville où Oscar Ichazo, un chercheur de vérité formé tout jeune par un groupe Gurdjieff à Buenos Aires, enseigna selon ses propres convictions l’Ennéagramme introduit en France par Mr Gurdjieff dans les années 40.
30 ans plus tard, Ichazo reprend à son compte cette figure sortie d’on ne sait où ! De l’imagination de Gurdjieff ? D’un symbolisme qui se perd dans la nuit des temps ? De confréries soufies ? Nul ne sait et beaucoup échafaudent. Comme tant d’autres j’ai étudié et continue d’étudier cette étoile à 9 branches avec passion (oh ! oh !) et ténacité (ouf) depuis une dizaine d’années. 


Elle m’accompagne dans les ateliers d’écriture pour la gestation de personnages, elle me suit comme un miroir sans les alouettes dans ma vie quotidienne, elle m’éclaire souvent et parfois m’embrouille quand je la traite avec trop grande certitude… Elle est partie intégrante de mes grandes interrogations et ne cesse de m’étonner. Bref, c’est mon joujou à moi, mon talisman, un grigri, un symbole, une figure, un objet hyper sérieux… (ndlr : objet : nom masculin, tout ce qui s’offre à la vue et affecte les sens, signé Robert).
Et me voilà à Arica où tous ceux qui étudient l’ennéagramme selon Ichazo, Naranjo et descendants savent qu’ici a fonctionné une école inspirée par les écoles péripapétitiennes, mâtinée d’ultra modernisme et traversée par des courants aussi divers que variés pendant plusieurs années entre 60 et 70… Une école qui vous fait traverser des déserts et plonger jusqu’à votre Léviathan avant d’en sortir lessivé et parfois rédimé. Arica était vraiment un lieu fait pour elle. J’avais cherché sur Internet et rien trouvé.

L’Arica School étant maintenant sise à New-York et ne m’inspirant rien qui vaille, j’ai compté sur la providence en multipliant les balades et en entrant dans toutes les librairies et autres échoppes curieuses. Rien, wouallou, ni même un souvenir, une idée. Nous avons ainsi dérivé des maçons aux théosophes, croisé des mages, des guérisseurs, des soulageurs d’âme et de portefeuilles, acheté de drôles d’encens afin de fêter les 25 ans de mariage de Marie-Andrée et Jean-Marc que nous devons rejoindre la semaine prochaine à Arequipa, Pérou. Le labyrinthe fut joyeux mais point de fil d’Ariane ni de Minotaure. Nous sommes repartis bredouilles alors d’une main maladroite et rapide j’ai dessiné sur le sable 9 ennéagrammes. 


Le lendemain, le tsusami s’annonçait comme quoi, certains liens n’ont pas lieu d’être (sic). De son côté Alfred soutient mordicus que son baptême dans l’eau Pacifique est directement lié avec le tsunami du lendemain. Donc des liens existeraient ! (voir posts précédents).



Confrérie tout de même

Cependant à Arica, nous avons la grande joie de connaître Jenny, une toute jeune française qui du haut de ses 26 ans a monté un hostal fort sympathique. Nous nous baladions vers l’océan un matin sans idée de manœuvre quand nous avons aperçu un routard dessiné sur un mur. Nous cherchions un gîte pour quelques nuits supplémentaires et nous avons sonné. À l’intérieur un troupeau de français nous attendait et ma foi, on s’est laissé aller à un peu d’ambiance bien de chez nous. Cela faisait bien longtemps que nous n’avions pas croisé des compatriotes et partagé une bouteille de vin en discutant popote, ça rend léger et volubile. 


J'en profite pour laisser choir La Duras et ses peines communistes au Chili ainsi que La chambre des parfums et le Dieu des petits riens, deux romans écrits par la nouvelle génération d'auteurs originaire d'Indes et vivant aux USA. L'écriture du Dieu des petits rien est tout simplement remarquable. Très beaux romans. Nous gagnons La terre promise, pas encore, de Michaël Sebban ou les pérégrinations d'un prof de philo, amateur de surf et de cigares, tiraillé entre Biarritz, Tel Aviv et Jérusalem. Distrayant et vite lu. Et La batarde d'Istanbul, d'Elif Shataf. Pas encore lu. Deux petits tortues pensionnaires chez Jenny nous annonçaient l'arrivée de la Valse lente des tortues de notre très chère Katherine Pancol qui vont arriver avec Marie-Andrée. Je pense qu'elles vont prendre la tête de lecture !





Voilà, c’était Arica comme quoi, il en faut peu pour changer d’ambiance. Quelques milliers de mètres d’altitude, 1° latitude ouest, un chouia d’océan et encore un désert, compris ou non compris !



Hostal Arica Unite
Vicente Dagnino 117
Tel : (058) 247702
Cel : 09-79148547
Facebook : Arica Unite




Rabiot

Aparté famille, nous on lui a trouvé un air Peris au mec en jaune

Rabiot de bleu
On ne s'en lasse des compteurs latinos
Fashion victim


Paila marina, à voir le tête d'Alfred, les commentaires deviennent superflus
Chupe de mariscos, sorte de soupe au fromage sans choux
mais farcie de fruits de mer. Un régal roboratif.
Touché ostéo sur vertèbre de baleine



Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Coco

Savoir être gourmand et curieux