Valentine’s day

On est bien dans la maison de Nofla.
Nous courons depuis pas mal de temps par des routes défoncées, la séance de la veille nous a conduits jusqu’à pas d’heure et une journée de repos est la bienvenue. Guillermo part ce matin sur le ferry de Puerto Montt. Les jeunes ont décidé d’aller au parc Pumalin avec Nicolas. La perspective de marcher pendant des heures dans la boue et sous la pluie ne nous enchante pas. (D’accord, il ne pleut pas mais ça pourrait et de toutes façons il a plu, donc il peut y avoir de la boue et nous ne sommes pas équipés). Alors nous restons au village, tous les deux, en amoureux. Même ici, à l’autre bout du monde, nous sommes les victimes consentantes de la mode-tradition qui fait célébrer la Saint Valentin.

Nous annonçons à nos petits camarades que nous allons préparer le repas du soir, ce qu’ils accueillent avec enthousiasme. Reste à savoir quoi…
D’une part, Zita est végétarienne, d’autre part il n’est pas question cette fois d’aller faire nos courses au Carrouf du coin, y’en a pas ! Qu’allons nous trouver dans le village ? D’autant plus que personne parmi nous ne roule sur l’or et que de plus, il n’y a pas de banque.
Un vrai pitch d’émission de télé, non ?
Nous commençons par un tour de ce village quasi fantôme. La nature blessée semble encore en colère. Les maisons de bois, déformées ou ensevelies, témoignent de la puissance du phénomène.
Quelques gamins encore en vacances réunis pour jouer au foot, quelques chiens gentils, un véhicule de temps en temps et une équipe d’électriciens mettant la dernière main au réseau d’éclairage public sont les seuls à apporter un peu de vie. J’oublie la pelle mécanique qui obstinément, pierre après pierre, construit une digue pour contenir le fleuve et une paire d’urubus noirs peu farouches dignes des vautours de Lucky Luke.
Nous profitons de la journée pour une balade hallucinante sur la « terre nouvelle » crée par l’éruption, celle qui pourrait dans quelques années faire la fortune de Chaitén par la qualité de son sol.
Après avoir fait deux fois le tour des trois épiceries, il est temps de nous décider sur le menu. Ce sera poivrons farcis avec riz, tomate, oignon, œuf, carotte, petits pois, ail, sel, poivre, aji, origan, couverts de fromage du cru, c’est-à-dire sans beaucoup de goût.
Nofla suit avec fascination la préparation de ce plat totalement exotique pour elle, tout en préparant le pain. Nous les ferons cuire ensemble dans la cuisinière à bois.
Pour le dessert, nous avions acheté d’improbables petits pavés blancs et sucrés proches du chamallow que Catherine prépare en secret en les ornant de cœurs rouges dessinés à la confiture de framboises. Pour couronner le tout, nous avions trouvé dans une petite boutique trois badges « Yo © Chaitén » à l’intention de Zita, Anna et Catherine.
Pour nos amis, la surprise est totale et notre repas reçoit l’accueil d’un festin. Nofla et son fils le partagent avec nous.
Dans la soirée déboule Nicolas avec sa guitare. Selon Zita, notre séance commune de la veille aurait eu des effets positifs. Lui et Nofla semblent bien se connaître et ils en viennent même à chanter ensemble.
Tout le monde est fatigué et nous allons au lit à une heure raisonnable.
Le lendemain, lever 8h00 pour être au bateau à 09h00.

Avant d’arriver, nous trouvions étrange le désir de ces gens de revenir sur les lieux de la catastrophe en sachant qu’elle risque de se reproduire à n’importe quel moment. Notre rencontre avec Nicolas et Nofla nous a permis de comprendre que leur choix conscient n’est pas uniquement dicté par un ancrage chauvin et irraisonné à leur terre mais également par les circonstances, les rejets, les difficultés à trouver un autre lieu de vie.
Nous avons rencontré des gens chaleureux et attachants, accueillants et acceptant avec simplicité et reconnaissance toute aide qui leur est apportée.

Même si certains guides recommandent encore d’éviter Chaitén, nous vous encourageons à faire le détour si vous passez dans le coin. Bien sûr, la présence de visiteurs est source de revenus mais la chaleur humaine est aussi importante pour ceux qui se sont vus abandonnés et rejetés.


Quelques coordonnées :
L’agence de Nicolas La Penna :

CHAITUR

Bureau : Terminal de buses O’Higgins 67

Domicile : Diego Portales 350 (la maison bleue)

Tel / fax : 074685608 / 098653241 / (65)731429

Nofla : 10 509 396 9  / 84008853

Commentaires

Anonyme a dit…
Increiblemente encontré el e-mail que enviaron en la carpeta de SPAM, que bueno que no borré todo, o si no me hubiese perdido el placer de leer y recordar lo vivido en el sur con todos ustedes.
En lo personal, al final demoré dos días mas en llegar a mi hogar, ya que desde puerto montt no había bus a temuco así que me quedé donde unos amigos.
Espero que sigan disfrutando, estén donde estén, siempre es agradable compartir con gente nueva, especialmente de la manera como compartí con todos ustedes. Fue una experiencia que recordaré siempre.
Un gran abrazo para todos
Guillermo

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