El Chalten en mire

Bien sûr, il finit par s’envoler, délaissant la carcasse. Nous retournons à la voiture, lestés d’une moisson d’images. Nous repartons alors que le condor a déjà repris son festin. Juan-Carlos jubile et nous bénit à nouveau car c’est la première fois qu’il a  l’occasion d’approcher des condors. « Pas un mais neuf d’un coup ! » ne cesse-t-il de répéter.
Nous longeons un nouveau lac sur lequel flottent de petits icebergs et le mont Chaltén (ou Fitz Roy) coupe en deux notre horizon, c’est chouette.



Enfin, le village apparaît, fait de petites maisons en bois disséminées au bord d’une rivière au début d’une large vallée. Même s’il n’a que 25 ans, il est beaucoup plus authentique et pittoresque que El Calafate.





Les nouvelles vont vite et nous apprenons que tous les hébergements sont pleins. Nous achetons des pizzas et repartons vers le fond de la vallée par une piste. Juan-Carlos veut nous montrer une cascade. C’est surtout des arbres, joyeux lingas centenaires, gardiens des lieux dont nous nous souviendrons ainsi que de la vue sur la vallée et le village qui s’offre depuis le haut de la chute d’eau. Le temps est magnifique et l’air d’une clarté cristalline.
Nous pensions rentrer, c’était mal connaître notre amphitryon…















Juan-Carlos avait décidé depuis le départ de nous conduire jusqu’au Lago del Desierto d’où naît la rivière qui arrose El Chaltén. Trente kilomètres de piste jusqu’au fond de la vallée et un lac superbe, encaissé entre des montagnes escarpées et même un glacier suspendu.
Nous avons droit à un arrêt photo au mémorial du Lieutenant de carabiniers tombé ici au champ d’honneur dans les années soixante en tentant de reprendre un poste avancé que ces salauds de Chiliens avaient lâchement attaqué et dont ils avaient brûlé le drapeau.
Le temps est toujours de la partie. À l’arrivée, nous traversons la rivière  à pied par un petit pont suspendu et remontons vers le lac pour une pose dont profitent les filles pour faire trempette dans une eau plutôt frisquette. Juan-Carlos est aux anges dans ce lieu qu’il aime entre tous.
Une nuée de pêcheurs s’escriment à éviter la bredouille alors qu’une incroyable quantité de truites sautent à qui mieux-mieux pour gober les moucherons imprudents. Il est temps de repartir. Alejandra insiste pour s’arrêter saluer un ami qui vit au village. L’un des pionniers parmi les premiers à s’être implantés. Il a construit sa maison de ses mains et aujourd’hui vit heureux dans cette nature préservée.
Il est 19h00 lorsque nous repartons vers Rio Gallegos. Jusqu’au bout, la météo nous est favorable et sur le chemin du retour nous assistons à un coucher de soleil grandiose.



L’increvable Juan-Carlos, déclinant notre proposition de le relayer au volant, nous ramène à bon port et nous atteignons Rio Gallegos à 1h00 du matin. Au bilan, il a conduit sur près de 1500km en un week-end sur des routes hypnotiques et des pistes défoncées, secondé par Alejandra, co-pilote prévenant qui l’alimentait en maté à profusion.
Grâce à eux, nous avons visité El Calafate, El Perito Moreno, El Chaltén et le Lago del Desierto, nous avons dégusté un asado et photographié des condors et nous avons dû insister pour participer aux frais de gasoil !
Nous n’osons nous imaginer débarquant d’un bus au Calafate. Il est probable que nous serions repartis par le bus suivant.
Nous apprécions le cadeau qui nous est fait à sa juste valeur.

Shopping


Le lendemain, lundi, nous passons du temps en ville pour trouver des présents à offrir. L’idée d’un équipement complet spécial BBQ comme en utilisent les nord-américains nous séduit ; une mallette avec couteau et fourchette à long manche, pinces, brosses et tout le toutim. Impossible de trouver. Un parfum, des bougies, des trucs et des machins ? Nous optons finalement pour deux fauteuils de camping pliables tout confort avec accoudoirs, porte canette ou maté, porte revue et même compartiment isotherme incorporé.  Ils sont offerts et acceptés de grand cœur puis aussitôt étrennés. Nous passons notre dernière soirée à échanger nos points de vue sur la vie, nos rêves et nos projets.
Notre dernière journée se déroule sur le même rythme que la semaine précédente, nous la passons en ville et rentrons en fin d’après-midi en attendant le moment de notre départ.
Juan-Carlos déjà surchargé de travail est prêt à passer une nuit blanche pour monter les heures d’images de nous qu’il a tournées. Filmés, interviewés et photographiés sous toutes les coutures, nous en étions venus à nous prendre pour des jeunes mariés, voire des stars en goguette.
Il finit malgré tout par accepter l’idée de prendre son temps et de nous envoyer un DVD par la poste lorsqu’il aura terminé.

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