À la vitesse d'un cheval au galop

Finalement, nous sommes partis vers l’Ouest. - question d’argent encore – vers l’Argentine.
Des années que j’attendais ça. Vingt cinq ans que ce pays m’appelle. J’étais même allé un jour jusqu’à acheter un billet, puis l’avais revendu, sans franchir le pas.
« J’y étais il y a 25 ans, me dit Catherine en lisant ces lignes. C’est moi que tu cherchais ! »
Quien sabe…

Buenos Aires vue du ciel nous apparaît la nuit d’une clarté irréelle. La ville brille de tous ses feux.
Maria et Rémy que je devais rejoindre avant de renoncer nous ont confiés aux bons soins de Ana qui nous accueille les bras ouverts pour deux jours.
C’est bien assez pour se reposer avant de partir à la conquête de ce nouveau monde.
Ici, plus de tourisme. Ici, nous nous fondons dans le paysage. Ici, nous parlons la même langue. Ici, nous n’avons plus de guide, nous allons improviser. Ici, nous avons sept mois devant nous.
J’ai bien remarqué le clin d’œil du destin qui a conduit ce jeune homme à poser devant moi un ticket qui m’a fait gagner dix places dans la queue au guichet des billets de train. J’ai entendu qu’il restait deux places pour le lendemain alors que les voitures sont toutes bondées en cette période de départs en vacances. Pourtant, j’ai reculé devant les quinze heures de voyage. Nous ne saurons jamais le chemin qui nous était réservé…
 
Alors nous sommes restés. Nous avons pris une chambre à l’Hostel Nativo.
Un lit d’une place et demie plus un matelas par terre dans un réduit, sous un escalier, pour 100 pesos la nuit, petit déjeuner compris. Un peu comme une grotte, une matrice où fignoler les derniers détails avant de voir le jour.
Une grande maison avec un patio au centre, des chambres transformées en dortoir, une cuisine commune sommairement équipée et une pièce TV avec un ordinateur, internet et la wifi.
Les locataires défilent, routards, travailleurs en manque de logement, touristes atterris là on ne sait trop comment ; colombiens, argentins, chiliens, étasunisiens, israéliens, brésiliens. Et nous…
Pour entrer, il faut sonner et la gardienne vient ouvrir la grille qu’elle referme aussitôt. Même manœuvre à l’envers pour sortir. La nuit, c’est un gardien. Il dort dans la pièce télé.
Nous restons presque une semaine.
 
Bien sûr, le repos m’était nécessaire après la grande traversée, bien sûr, Catherine, retrouvant son instinct de secrétaire de rédaction a comblé notre retard dans la mise à jour de notre blog, bien sûr, nous avons étudié et démarré l’expérience du couchsurfing mais au fond de moi, un autre sentiment demeure.
Tout d’abord, j’ai eu la sensation d’être échoué dans ce placard du fond de Palermo, mais il ne s’agit pas d’un naufrage. L’impression est plus douce, plus molle, comme si une vague m’avait posé là, sur le sable. Finalement, je crois que l’image la plus juste est celle d’avoir raté la marée haute et d’être resté ensablé, comme une barque couchée sur le flanc. Il ne reste qu’à attendre la prochaine marée pour pouvoir prendre le large, vers l’inconnu, les grands espaces et, j’espère, les grandes chevauchées.
 
Aujourd’hui, la marée est haute, nous embarquons dans moins de deux heures. La compagnie de bus qui nous emporte s’appelle Chevallier.

Commentaires

Anonyme a dit…
merci à vous pour tous ces merveilleux récits.
je ne vous avais pas lu depuis un bon moment!...
quel pur bonheur! Dans vos derniers récits je vous sens vraiment posés et tranquille. Me trompe-je?
gros bisous et au plaisir de vous lire encore et encore!...
Floriane

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