Neuquen -Villa Coihue

 6-7-8 janvier 2011

Mauvais calcul, c’était 16 h de bus mais nous avons changé de catégorie depuis les bus asiatiques. Nous avions réservé en cama ejecutivo (Amis routard, il vous en cuira 394 pesos), c’est à dire dans un bus avec des sièges plus larges (3 par rangée au lieu de 4) qui basculent plus sans toutefois s’allonger complètement. La version total luxe s’appelle cama suite. Sinon vous avez la « comun », le bas de l’échelle, 4 sièges par rang, la plus économique mais pas la plus répandue sur les longues distances et qu’on ne réserve pas depuis Internet. Puis vient la semi-cama, un compromis entre la comun et l’ejecutivo. (Nous allons la tester aujourd’hui où nous écrivons ces lignes pour nous rendre à Bariloche, départ 11h15, arrivée 17h, une petite promenade de santé, un trajet de rien du tout, un saut de puce. Et ce coup-ci, nous avons choisi de voyager de jour afin de profiter des grands espaces. Plus d’infos plus loin, donc)

Nous avions préparé notre bouteille d’eau et nous nous étions gavés le midi dans un restau-buffet, histoire de ne pas avoir faim le soir et avions prévu un petit grignotage en chemin si un creux se présentait. Mauvaise donne, à peine dans le bus, un stewart en livrée noire et rouge, nous offre un verre d’eau et un bonbon, comme si nous allions décoller. Faut dire, Mennen et son libéralisme à la Sarko a laissé sa trace et pas des meilleures. Bien des secteurs ont été reprivatisés, dont les chemins de fer, à présent exsangues. Une grosse partie des lignes régionales a été supprimée au profit des compagnies de bus organisées en syndicat et lobby super puissants qui freinent (!) la réhabilitation du pauvre chemin de fer pourtant bien apprécié et plus économique. Elles luttent de plain pied face à la concurrence aérienne. Ça me rappelle quelque chose.

Juste après l’eau, un petit amuse-gueule suivi d’un vin blanc sec bien proche d’un bon petit Fino des familles excitent nos papilles; puis vient le repas accompagné d’un concert de Gloria Esteban aux Bahamas. L’entrée était suffisante pour un dîner de bon aloi mais non, ici c’est l’Amérique et au Sud comme au Nord, on voit les choses en grand. Faut séduire le client qui souvent préfère l’avion ! Arrivent donc la purée, le poulet, le vin ou les sodas à volonté (devinez ce qu’on a choisi) puis les desserts, le café et, et, et… le pousse-café, Alfred l’avait prédit. Bref le film romantico-comique argentin digestif sera à peine commencé que nous plongerons dans un profond sommeil.

De l’aube à l’arrivée à Neuquen à 10h du matin nous nous laisserons hypnotiser par la Pampa, son vide, sa platitude, son ciel gorgé de pluie (fort rare à cette époque paraît-il mais il semble que la pluie nous aime) puis quelques kilomètres avant d’arriver nous débarquerons en plein Tarn et Garonne entre Grenade et Montauban ou sur l’île de la Barthelasse si vous préférez, ça valait la peine de faire tout ce trajet. Rien ne manque, la plaine alluviale plate comme la main, les vergers à perte de vue, pommiers et poiriers arrivant en tête, quelques vignes, les peupliers et les cyprès pour couper le vent, la station Esso.

Bienvenue en Patagonie, hé oui parce nous y sommes ! Et il y pousse même quelques palmiers chinois ou apparentés. Voilà ce que c’est de trimbaler trop d’images d’Épinal ! J’avais repéré à BS-AS des bouteilles de vin portant la mention «  vin de Patagonie », j’avais cru à l’opération marketing sur une pauvre vigne perdue au milieu d’un microclimat, savamment entretenue au creux d’une vallée protégée. Hé bien non, il ne fait pas froid ici, rarement en dessous de zéro, une neige rarissime, bon d’accord du vent, beaucoup de vent mais rien à côté du sud… Et une capitale fédérale en plein essor qui affiche une population de 230000 âmes, une croissance régulière de 9% et un dynamisme de bon aloi. La région étant en plus pétrolifère, il fait bon vivre à Neuquen où l’on est fier d’être Patagon, errons, errons…

Ernesto et Silvana, malgré des emplois du temps plus que chargés seront nos premiers hôtes couchsurfers, nous ne pouvions pas mieux tomber pour une première expérience. Ernesto nous baladera avec joie et entrain dans toute la ville, des beaux quartiers aux plus pourris, afin de bien nous rendre compte des deux réalités de la ville et de l’Argentine en général. Nous discuterons à bâtons rompus sur une multitude de sujets avec ce couple harmonieux possédant une ouverture et une culture aussi vastes que leur Patagonie adorée. Un régal. Ernesto nous rappellera que si tu mets 2 argentins seuls à une table, tu auras au moins trois opinions différentes.

Dans la journée, pluvieuse ! nous resterons avec Maria, la belle-mère tout aussi bavarde et charmante qui nous initiera au déculottage du maté, au nettoyage de la bombilla, à la douceur de la vie à Santa Fé et permettra à Alfred de reprendre du service pour cause de mal de dos. Puis, elle nous confirmera que le maté Rosamonte est bien le meilleur et nous conseillera d’acheter un petit nécessaire à maté de voyage des plus croquignolets et pratiques, en vente dans toutes les stations-service et petits supermarchés. Ici, on te vend de l’eau chaude (et à la bonne température, càd 90°) un peu partout et tu n’es donc jamais pris de court pour t’enquiller un petit maté à n’importe quelle heure. Nous reprenons goût à téter le liquide amer avec bonheur en prenant soin de ne pas nous brûler la lippe.

Hier, la température est revenue à 30° voire plus, un temps de saison, quoi ! mais je suis quand même allée en ville afin de m’équiper d’une polaire pour la suite. Le Chili est beaucoup plus arrosé, moins chaud en général et Bariloche est une fameuse station de ski. Le sud s’approche, les volcans et les lacs aussi, ici la nature s’annonce avec majesté et grandeur. Ernesto et Silvina vivent dans un quartier périphérique en bordure de petites rivières locales qui vont se rejoindre un peu plus bas pour former le Rio Negro mais qui font déjà passer la Garonne à Toulouse pour une rigole. C’est notre petite promenade à portée de pas, à peine 2-3 kilomètres aller, une paille, un rien du tout.

C’est bon d’être dans un lieu absolument pas touristique où nous ne croisons que des gens charmants et chaleureux, contents de la rencontre, de l’échange en passant et qui affirment avec bonhomie à Alfred que bien sûr, il pourra faire du cheval dans le coin. Chaud bouillant el hombre, un vrai étalon avant la saillie ! Prêt pour toutes les cavalcades, hiha…

Hier soir avant de partir nous avons tenu à cuisiner pour nos hôtes un plat typiquement français : la paella ! Gros succès, évidemment, comme d’habitude, malgré un manque évident de matériel et d’ingrédients.
D’ailleurs, nous lançons un sondage pour élire un plat plus franchouillard à cuisiner quand nous sommes accueillis. Oubliez toutes les bidoches, ici, on fait pas le poids avec nos rôtis et autres gigots. Reste le lapin à la moutarde, à voir, mais ce jour-là pas de lapin sur les étals. Oubliez la quiche lorraine, yen a partout ! quoique, peut-être, une tarte aux fruits de mer pour le Chili, à voir ! bref si vous avez des idées on prend. Tiens, tiens, et les tomates farcies ? quizas, quizas, quizas ! En attendant, nous écrivons sur le site de couchsurfing et nous recevons des réponses super sympas même si les gens ne sont pas disponibles. Bonne idée qu’ont eue les nouveaux zélandais, ya un bel esprit sur ce site. Amis toulousains, sachez que nous sommes déjà 600 inscrits.
Bon, la maison s’agite, plions une nouvelle fois notre sac et descendons déjeuner. Hasta lueguito.



Le bus qui nous conduit vers le sud-ouest traverse les faubourgs, fait une halte à Plottier, ville de banlieue, dans un environnement toujours aussi vert et cultivé planté de vergers protégés du vent par des haies de peupliers. Mais plus nous nous éloignons de la ville, plus les terres sont en jachère. Peu à peu, l’environnement devient plus sec, jusqu’à laisser à nouveau la place à un sol aride couvert de buisson et d’arbustes rachitiques. La Pampa semi désertique et plane reprend ses droits dans un camaïeu de verts qui vont du plus sombre au plus tendre, de bruns, de gris, de jaunes, à perte de vue. Quelques clôtures la découpent parfois de frontières géométriques, puis rien…
Je me prends à rêver d’une invitation à passer quelques jours dans cette immensité. À cheval, bien sûr.
J’invoque les anges et leur confie la mission. Pour l’heure, je dois me contenter des pauvres chevaux exténués du moteur de ce bus qui relie Mendoza à Rio Gallegos, via Neuquen et Bariloche (à vos google maps).
Je suis fasciné par ces immensités.



En nous rapprochant des premiers contreforts des Andes, un relief se dessine. Des lacs comme des lavognes géantes paraissent attendre d’improbables troupeaux.


Le fleuve dont nous suivons le cours semble avoir renoncé à fertiliser cette terre irascible. Pas un arbre, pas un bosquet pour signaler son lit.
Soudain, un peu de vie. Au pied d’improbables rochers aux airs de pièces montées, un improbable village : La Piedra del Aguila. 




Quelques commerces et restaurants guettent touristes et voyageurs. Des hôtels, une discothèque au doux nom de « Amnesia », un pêcheur à la mouche statufié sur son socle nous donnent une idée de l’ambiance locale. Malgré tout, un cheval attaché au bord de la route me fait rêver d’une escale en ce coin de pampa. Notre bus ne s’arrête que le temps nécessaire à la descente d’une mère que ses enfants accueillent en se jetant sur elle.
Nous repartons en tanguant –comme il se doit dans ce pays- sur des lignes droites sans fin qui fuient vers l’horizon.



Au sommet d’une côte nous apparaît soudain une immensité bleue qui tranche étrangement sur l’environnement fauve. Les hommes ont construit un barrage, noyant des milliers d’hectares de désert sous une eau cristalline d’un bleu tropical. Nous logeons ces étendues où le ciel se reflète et dont les rives arides semblent aujourd’hui encore refuser la proposition de vie.
Peu à peu, nous nous rapprochons de la ville et la présence des hommes se fait plus évidente. Un canoë, une cabane en rondins, un pêcheur et sa famille, des pique-niqueurs, une estancia, une pisciculture, bref, ce qu’il est convenu d’appeler la civilisation.

Sur notre gauche, le Rio Limay bordé de vie coule joyeusement. 


Nous sommes fascinés par ses eaux pures comme le diamant qui laissent voir son lit par cinq mètres de fond. Je pense au Scual et nos parties de pêche, réelles ou bien rêvées.
Un nouveau village apparaît, étrangement implanté sur l’autre rive. Pour l’atteindre, un bac pour les voitures ou une passerelle pour les piétons. Encore une étape que j’aurais bien tentée.
Nous n’avons pas de guide et nous sommes à pied, dès lors nous découvrons les lieux trop tard pour nous y arrêter.


Quelques kilomètres encore et c’est l’embranchement de la route –ou plutôt la piste- vers Villa La Angostura, puis voici San Carlos de Bariloche.
Pas de Wifi à la gare routière pour avoir des nouvelles de nos demandes de couchsurfing ; un bus local nous conduit au centre-ville de cette station touristique réputée hors de prix. L’office du tourisme nous renseigne sur un hébergement proposé sur un flyer récolté à la gare routière. Il nous faut appeler avant de nous y rendre car c’est à 13km.



Au bar du Gran Roma, Bariloche. Malgré le nom rutilant, rien d’exceptionnel, l’accès Wifi annoncé à l’entrée ne fonctionne pas. Alfred est parti à la boutique Internet voisine. 6 h de bus parmi des paysages somptueux, grandioses, les yeux remplis de beauté, nous voici à nouveau dans un lieu touristique et déjà l’envie de fuir, vite, vite, vite. Nous pensions qu’il était raisonnable de choisir un lieu offrant un maximum de logements possibles mais tout est plein.

Une française vient interrompre mes mots moroses, tout aussi surprise que moi de croiser une compatriote. Alfred revient, nous avons 2 places au Cari Hue dans un dortoir vide et nous sommes attendus avec joie au Chili pour le 14. Peut-être trouverons-nous le moyen de faire un détour par Villa La Angustura (qui ne veut pas dire l’angoissée mais l’étroite).
Un bus local, encore plus gondolant sur les pistes poussiéreuses, nous jette au bord du lac Gutierrez. Alfred rigole au souvenir d’un ancien collègue d’école de gendarmerie qui portait ce joli nom charmant (je parlais de Gutierrez pas de Lac). Après quelques centaines de mètres de marche, nous voici au Canada dans un camping écolo, enfin camping n’est pas le mot. Ce serait plutôt un centre pour classes vertes, ouvert pour l’été aux routards et autres mapuches désargentés (50 pesos la nuit par personne petit déjeuner compris, c’est ce qui se fait de moins cher en ce moment en Argentine, semble-t-il. Il y a peut-être moins cher mais après ça craint). Le lieu est magnifique, parfaitement entretenu et quasi désert malgré la foule de vacanciers argentins qui se pressent autour du lac. Le gérant, redouble de prévenance et nous réserve un accueil des plus chaleureux. Une famille Mapuche prépare une fête de despedida en asado en disco (des disques initialement prévus pour équiper des machines agricoles servant à retourner la terre ont été détournés de leur fonction et transformés en énorme poêle dotée de 4 pieds et d’un couvercle hyper lourd. Certains vont même, nous a-t-on dit, jusqu’à y faire des paellas. On demande à essayer. Faut voir, rajoute Alfred). La viande déborde, le soda et la bière coulent quand nous partons nous coucher.



9 janvier 2010. Ici, le petit déjeuner est servi entre 9 et 10h du mat, autant dire que nous piaffons dès 8h et nous préparons un petit dèj à notre sauce en attendant. Il nous reste du pain, du fromage, des tomates, du chorizo et du thé… mais il ne faut pas vexer Miguel qui a fait cuire du pain qu’il nous sert accompagné de café (bien bon) et de l’incontournable dulce de leche. J’adore mais ce régime sud américain, relativement familier, nous fait craindre une reprise de poids et une sévère. Bon, vite, faire du sport, non ? (j’en vois un qui rigole !). Donc, en ce dimanche, encore une grande et belle promenade dans les montagnes ; Alfred nous fait un peu le Calimero philosophe, en cherchant à répondre à la question suivante : « Comment se fait-il, moi qui ne rêve que de chevauchées et de Pampa, que je me retrouve à nouveau à jouer à l’izard andin sur des chemins de chèvres (tous des ongulés) et sous des arbres de 20 mètres de haut ? »
Ya pas, la forêt est magnifique, les arbres inconnus. Avec Alejandro, le gérant écolo du lieu, nous partagerons le soir même notre frichti et une longue discussion sur la flore et la faune natives et exotiques. C’est curieux d’entendre parler de truites ou d’églantiers, de pins, de chênes, de peupliers (los alamos qui ont des troncs de plus de 2 mètres de diamètres, impressionnant), comme de produits exotiques d’importation. Par ailleurs, nous apprenons que nous avons l’immense privilège d’assister à la germination de la canne (bambou) locale (moi, je l’imaginais exotique celle-là, ne m’attendant pas à trouver des cannes à cette altitude et latitude). Mais pourquoi privilège ? Hé ben parce que la fréquence de cet événement est estimée entre 15 et 70 ans, personne ne le sait vraiment, faute d’études approfondies. Le reste du temps, comme tous les bambous, ils poussent verts et se multiplient par rhizome. Ceux-là en germinant, vont sécher. Cet afflux de graines sera une véritable manne pour tous les petits rongeurs (ratones) du coin qui vont croître et multiplier jusqu’à une génération sacrifiée qui mourra de faim par paquets. Ces futurs parterres de cadavres de rats inquiètent les locaux qui aimeraient bien cacher cette réalité naturelle aux touristes.













10 janvier 2010. Leçons de chose II (SVT pour les d’jeuns). Alejandro est intarissable. Après avoir contemplé un couple de piverts à tête rouge, gros et noir comme des corbeaux, il nous présente 2 bandurias… bref une sorte d’ibis, trompettant comme des cygnes, au long bec recourbé qui leur permet de picorer au sol sans effort. Nous découvrons de nouvelles essences locales et notamment l’imposant coihue aux feuilles persistantes (pouvant atteindre 40 m de haut) qui se partage la moyenne montagne avec les cyprès (d’authentiques natifs, eux). Plus haut, seuls les lingas, cousins du coihue, tiennent le choc mais perdent leurs feuilles dans un flamboiement automnal. Bon, yen a bien d’autres mais on n’a pas retenu leurs noms. Il y a ceux qui indiquent l’eau, les toxiques, les soignants… Nous apprenons qu’ici les exotiques peupliers servent d’indicateurs de lieux. Leur hauteur, leur couleur et leur forme, sont autant de repères dans la steppe et en plus ils coupent le vent… Donc on peut parler de forts alamos (jajaja ! traduction locale de ah, ah, ah). Ils indiquent aussi la présence d’une maison.
La plupart des plantes et animaux importés ont causé des dommages et des déséquilibres importants dans l’écosystème à l’instar des truites qui ont bouffé les espèces locales. Quand je fais remarquer à Alejandro que le premier exotique toxique fut l’homme blanc, produit importé par excellence, un voile passe dans son regard. La conversation s’arrête là. Il est clair qu’il n’est pas Mapuche.
Bon, c’est bien joli tout ça mais la wifi ne fonctionne pas et blogger déconne. Impossible de charger les photos (grr) tant pis, on va partir faire une grande et longue promenade sur les pistes poussiéreuses… puis reprendre nos massages. Nos corps réclament et nos têtes sont 100% d’accord, alors, let’s go… we want a massage…
Ah si ! nous sommes dorénavant équipés d’un mate, d’une bombilla, de 500 gr de Yerba mate Rosamonte mais il nous manque l’indispensable thermos, va falloir remédier à ça avant le Chili qui s’annonce (le pays pas le plat, même que ce n’est pas un plat pays, hein DC ?)

Commentaires

Anonyme a dit…
arbres et piverts
comme un breuvage rouge
sans âge
vers la plaine mapuche
un thermos en bandoulière
le chili est là
au son des carabines à poivre
celles qu'utilisaient
les gaochos
contre ces foutus itinérants
qui ne respectent même pas les frontières

Toulouse était belle en cette fin de semaine dernière, brumes le matin et plein de gens sur les berges en face de l'ancien hôpital St Jacques l'après-midi avec des canards qui faisaient un transit d'esprit entre les deux berges
j'y étais pour un congrès de gestalt

bonne cordilière mes beaux amis

Gaël

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