Au camp guru




Au pays d’Amma

Au premier abord ça ressemble à une barre d’Hlm de Pierrefitte ou Stain dans le 93 et le soir devant le bar à Juice où se rassemblent les jeunes étudiants, l’illusion s’intensifie. 


Décidément fort bien accompagné, on nous octroie un studio au 16ème étage avec une vue à couper le souffle sur l’océan indien et la mer de cocotiers qui couvrent l’horizon jusqu’à l’infini. L’ashram, coincé entre l’océan et la rivière couverte de filets chinois, surprend par sa couleur saumon et sa taille, ici vivent en moyenne 3000 personnes et quand Amma est là, un flot d’étrangers coulent autour d’elle et fait ressembler l’ashram à un club de vacances, dixit une renonçante française qui vit là depuis 5 ans. 


Autour de l’ashram, un petit bled de pêcheurs pauvres et encombrés de plastique en attente de décomposition, l’Inde ordinaire. Et cet ashram, l’est-il ordinaire ? nous n’avons aucune référence… Amma n’est pas notre guru mais on nous a beaucoup parlé d’elle, c’est une femme, ça compte pour moi. Elle enseigne que seul l’amour sauve le monde. Un beau message, ma foi ! sans jeu de mot, j’ai déjà entendu ce message… Il n’est pas jeune et il a du mal à maintenir le cap mais bon, le message est tellement juste.


Les premiers jours, nous serons sans cesse à nous interroger : on reste, on part ? quand on creuse, la réponse est : vite on s’en va puis on s’interroge, c’est étrange cette envie de fuir, c’est louche, ça doit vouloir dire quelque chose, alors on tranche, bon on verra demain, au bout d’une semaine, la décision est radicale : non seulement nous partons mais nous quittons également l’Inde le 25 novembre, direction Kuala Lumpur. L’Inde n’a jamais été une direction de rêve ni pour Alfred ni pour moi et elle nous le rend bien… 


Rien ne nous gêne vraiment, à part une certaine lassitude du laisser-aller, de la crasse et de l’inégalité criante entre les sexes (bien pire que chez nous) et ne parlons pas des castes et des religions, un vrai capharnaüm auquel nous ne comprenons pas grand chose et dont l ‘étude approfondie nous passe largement au-dessus.

Voir les femmes se cogner le sale boulot (porter les pierres, bêcher, laver…) la liste est immense, elles sont partout y compris sur les listes électorales. Elles savent de quoi elles parlent quand elles prononcent le mot égalité : ya tout à faire ! Pendant ce temps-là, les hommes sont légers, paradent, portables en main, bébé sur les bras. Au début, j’ai trouvé ça charmant tous ces pères qui paternent, c’est doux au regard, c’est indispensable puisque la femme marne comme une bête, faut bien que quelqu’un distrait les petits, j’ai pas dit les torcher ou les nourrir !


Mais tout ceci dépend de la caste, de la religion… et il faut certainement de nombreuses années à un européen pour décoder un peu mieux.
Je ne suis qu’une pauvre observatrice souvent choquée qui laisse s’écrire sa colère et son courroux, coucou. Pour tant ce pays est doux à vivre de l’extérieur avec une carte bleue et la certitude de pouvoir rentrer. Nous sommes bien loin du nouveau monde.
C’est fou comme j’ai eu à nouveau envie de fumer dans cet ashram. Me sentir enfermée, obligée de suivre des règles étranges, a réveillé tous mes vieux démons ! Mes anges ont gagné, j’ai pas flanché…


Au bout d’une semaine, nous commençons à entrer dans les arcanes du lieux… à tracer nos repères, à sourire aux swamis qui nous le rendent avec une étincelle dans le regard et aux étudiants logés ici avec qui nous partageons un jus de fruit après le repas du soir. La fraîcheur de la jeunesse avec ses timidités, ses provocations égayent la soirée qui commence. Sinon nous croisons peu de gens ouverts contrairement à l’Inde en général où la curiosité semble être un maître-mot, où le contact est simple et immédiat. Cette austérité n’est guère encourageante, paraît que c’est normal, faut polir ce salaud de tout à l’ego qui nauséabonde dur. Tout ça au nom de l’amour, j’ai comme des doutes ! En tout cas, si la recherche spirituelle conduit à un tel désarroi, une telle tristesse, je préfère emprunter d’autres chemins, tout aussi dur mais moins idolâtre. J’avoue que toute cette dévotion à un être humain me dépasse un peu. Je confirme l’idolâtrie et moi ça fait 2. Respectons toutefois cette mère divine qui prend chaque jour des milliers d’êtres humains dans ses bras afin de les consoler de leur peine et leur communiquer l’amour de la vie et de son prochain.

Sortie d’ashram






Commentaires

Unknown a dit…
Bonjour à vous 2
Je compatis avec la sortie d'ashram, celle-çi me convient mieux aussi
Biz +++

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